L’interview confinée de… Michel Bosch
Que font nos triathlètes durant cette période de confinement ? Nous leur avons proposé une petite interview de circonstance idée d’entretenir le lien ! C’est au tour de Michel Bosch de se prêter à notre série de questions.
Alors l’entraînement « #Restecheztoi » ça donne quoi ?
« Je fais zéro sport chez moi car je ne supporte que le sport en plein air. C’est sans doute dû à mes débuts dans le sport à l’âge de 8 ans. J’ai en effet commencé par de la gymnastique acrobatique. Tout se passait en salle : entraînements et compétitions. Quand j’ai goûté aux sports de plein air, avec en tout premier lieu la course à pied pendant mon service militaire, j’ai tellement apprécié la différence au grand air que je me suis juré de ne plus jamais faire de sport enfermé. C’est pour cela je pense qu’on ne me voit pas souvent (euphémisme) à la piscine.
Du coup, en cette période de confinement, je profite des maigres espaces de liberté laissés aux sportifs par les autorités, pour m’offrir 30 à 45’ de course à pied tous les matins. Pour le moment ça me suffit. Il faut dire que chez moi pendant la journée, j’ai la chance d’avoir très largement de quoi m’occuper.
Comment occupes-tu tes journées ?
J’ai la chance d’avoir un travail qui peut se faire à 90% à domicile, grâce notamment à la puissance des outils informatiques à ma disposition qui permettent l’accès à toutes les données et applications d’entreprise dont j’ai besoin.
En dehors des horaires de travail, je réalise quelques tâches ménagères, et je profite du temps libre qui me reste pour travailler un peu pour le club. En effet, malgré la suspension des entraînements, la vie continue. Plus précisément, le gros du travail que je fais pour le club en ce moment consiste en la gestion comptable et financière de l’association, avec un regard particulier sur le budget prévisionnel 2020 qui doit être revisité en profondeur régulièrement pour traduire en euros les conséquences sur notre activité de la crise que nous traversons. Cet exercice de projection est indispensable pour prévenir les risques financiers.
Par ailleurs, et toujours dans mon rôle de trésorier, je travaille en ce moment sur notre dossier de demande de subvention ANS (comme Agence Nationale du Sport, anciennement CNDS comme Comité National pour le Développement du Sport), après avoir bouclé et soumis début avril un autre dossier de candidature appelé OSE, sur lequel j’ai fourni des explications dans la newsletter parue début avril.
Qu’est-ce qui te manque le plus dans cette période de confinement ?
La liste de ce qui me manque en confinement est si longue que je ne vais pas ici l’écrire, je pense que ce serait banal et fastidieux. En revanche je vais me risquer à vous dire ce qui ne me manque pas. Vous déduirez par différence ce qui me manque !
Eh bien, sans aucune hésitation, au risque de me faire lyncher par nos entraîneurs : les séances natation club à la piscine ! Comme expliqué plus haut, je suis devenu quasi allergique à la nage en piscine au fil du temps. Je fréquente la piscine de Montbauron depuis mon arrivée à Versailles en 1986. Je connais plus que par cœur le bassin de 50 mètres où ont lieu nos séances club. Je connais chacun de ses 43.389 carrelages et pourrais les dessiner tous un à un avec leurs défauts et irrégularités.
La dernière fois que j’ai mis les pieds dans cette piscine, c’était il y a deux ans pour tenter de déculpabiliser après cinq ans d’abstinence. Je me suis mis en maillot, ai pris ma douche, et me suis dirigé au bord du bassin. Mes copains du club n’en croyaient pas leurs yeux de me voir ou me revoir participer à une séance natation ! Je me suis approché de l’eau et ai trempé le gros orteil. Et aussitôt … j’ai fait demi-tour, suis allé me rhabiller au vestiaire et au quitté les lieux ! On ne m’y a plus revu depuis.
Surtout, ne copiez pas sur moi en concentrant votre entraînement natation annuel sur trois jours bloqués avant les compétitions. Je nage en effet en mer Méditerranée non-stop trois jours consécutifs par an pour limiter la casse en faisant juste revenir la sensation de glisse. A l’inverse, allez assidûment aux séances natation, elles sont super et très profitables, et vous avez des entraîneurs formidables (pas qu’en natation d’ailleurs !).
Qu’est-ce que tu feras en premier quand le confinement sera levé ?
Un périple de 200 kilomètres en 2 jours à VTT, le long des canaux d’Occitanie : Montpellier – Sète – Agde – Béziers (étape) – Narbonne – Port la Nouvelle – Leucate. J’avais prévu de faire ce beau périple le week-end du 21-22 mars, mais j’ai dû l’annuler compte tenu de l’annonce quelques jours avant des mesures de confinement.
D’ailleurs, si cette petite aventure vous tente, faites-moi signe ! Beau temps, sport à gogo, ouvrages et paysages splendides, et accent du midi assurés, dans cette région très accueillante où les habitants ont remplacé le « de rien » quand on les remercie, par « avec plaisir ». Croyez-mois, ce petit détail anodin change tout !
Quelle course rêves-tu de faire un jour ?
J’hésite entre une troisième Diagonale des Fous à la Réunion, après deux éditions qui m’ont laissé des souvenirs impérissables, et un cinquième EmbrunMan car n’ayant pas terminé ma quatrième participation pour être arrivé au sommet du col d’Izoard trois minutes trop tard, j’ai une revanche à prendre sur cette course mythique.
Et quel est ton plus beau souvenir parmi les triathlons déjà disputés ?
Sans hésiter : mon premier EmbrunMan et 1995. Outre le mythe que cette course représente, j’insisterai sur les paysages de toute beauté qu’elle fait découvrir, mais aussi et surtout son ambiance bon enfant loin du sport business qui gâche par trop d’autres courses que je ne citerai pas même si je participe régulièrement à certaines.
Le départ natation à 6 heures du matin le 15 août dans la nuit noire, le col d’Izoard et la Casse Déserte qui en annonce le sommet dans 3 kilomètres, et la terrible côte de Chalvet qui fait faire une boucle « inutile » de 8 kilomètres avec des grimpettes à plus de 20% parfois, en sont quelques moments forts. Bien sûr, l’émotion que l’on ressent en franchissant la ligne d’arrivée du « triathlon le plus difficile au monde dans sa catégorie », vaut à elle seule les mois de préparation, les sacrifices, et le déplacement.
Au fait, pourquoi le triathlon et pas un autre sport ?
En 1980, j’ai vu à la télévision un reportage sur le triathlon de Nice. J’ai tout de suite compris que le triathlon deviendrait mon sport dès que j’aurai un peu plus de temps à consacrer à l’exercice physique. J’ai toujours aimé nager, pédaler et courir depuis le plus jeune âge.
J’ai découvert les joies du vélo d’endurance grâce à un oncle qui nous avait faire le 15 juillet 1975, avec mes cousins, un Lans en Vercors – La Ciotat à vélo (320 kilomètres) en deux étapes. J’avais adoré et avais réitéré de tels périples par la suite, dont un beau Lans en Vercors – Nice par la route Napoléon (350 kilomètres, 7 cols) en août 1979 en une seule journée avec ces mêmes cousins !
J’ai ensuite découvert les joies de la course à pied à l’armée, comme beaucoup. J’ai un souvenir ému des 75 kilomètres de Limoges en 1981 si j’ai bonne mémoire. Ajoutez à cela un goût très prononcé pour l’eau vive dès l’enfance et vous comprenez maintenant pourquoi je suis tombé dans le panneau en signant au club en janvier 1990, et pourquoi j’y suis toujours ! »