Le 27 Novembre dernier, plusieurs versaillais (Denis, Guillaume, Grégory, Matthieu, Maxime, Quentin) se sont rendus à la Rochelle pour découvrir la distance ou pour y améliorer leur performance. Voici plusieurs de leurs récits.

Récit de Denis

Récit de Matthieu

Récit de Guillaume

Récit de Grégory


Compte rendu marathon de la rochelle : un truc de dingue !

| Matthieu Lespine

C’est le grand jour. Après 10 semaines de préparation (environ 80kms en 5 séances hebdomadaires), je pense être prêt à m’aligner sur la ligne de départ de mon premier marathon. Avec en tête l’Ironman de Maastricht en aout 2017, le marathon de la Rochelle est l’une des premières grandes étapes de ce rêve qui me trotte là-haut depuis quelques mois déjà. Pour rappel, je n’ai que 20 ans. Même si beaucoup me diront que c’est trop jeune, je préfère suivre les paroles de Kilian Jornet, que j’admire énormément : « Laisse l’instinct guider tes pas, il t’amènera vers ce que tu aimes. ».

Je retrouve la team « Versailles Tri La Rochelle », Quentin S, Denis S, Max L, Gregory B et Guillaume C, le samedi matin à Versailles pour un départ en minibus du club. L’ambiance est décontractée. Trop peut-être à mon goût. Mais je suis moi aussi surexcité et impatient de voir ce que ça va donner, impatient de voir si toutes ces légendes du marathon (le « mur », les incroyables courbatures du lendemain…) sont vraies.

Il est 8h45 et je suis dans le sas de départ 3h00. Au milieu des 6800 coureurs, je suis complétement isolé psychologiquement. Toute ma course est parfaitement planifiée dans ma tête : la prise des ravitos, les allures, l’objectif de la barre des 3h00, la concentration sur la foulée, les sensations… D’un coup, alors que je n’avais pas vu les minutes défiler, le coup de départ est donné. Un peu de bousculade mais je suis dans le premier sas derrière les élites donc pas trop de gêne. L’objectif est de retrouver Denis, l’expérimenté, pour faire le maximum de chemin à ses côtés. Je le retrouve avec Quentin au bout d’un km, après que chacun dans la foule ait pu poser son allure. Les premiers kilomètres passent très vite. Le 1er 10km passé en 41’10, m’a paru 10 minutes. Je me fie à mes sensations et décide de courir à l’allure ou je suis à l’aise, soit à 4’09/km au lieu de 4’14/km visé. Je me retrouve ainsi vite, quelques kms devant mes meneurs d’allure, Denis et Quentin. Après 15kms seulement, les premières douleurs musculaires commencent à dire bonjour. Je décide de laisser revenir D & Q. Le fait que Quentin me dise qu’il ressente la même chose me rassure. Semi en 1h29’. Je suis dans les temps. Le passage dans le centre-ville au beau milieu de la foule en folie, avec la fatigue accumulée, me fait monter les larmes aux yeux. Je n’ai jamais eu cette sensation sur une course auparavant, très étrange mais aussi très plaisante. Les ravitos sont bien gérés et je me sens toujours bien. Cela fait maintenant 2h que je cours à 14,3kmh. Pourtant quelques minutes plus tard…

30e km. Le fameux mur du marathon. Bof ! Pas plus fatigué qu’au 29e… Même si je commence à être bien attaqué la foulée reste efficace et je suis toujours à peu près lucide. 33e km : début de l’enfer. La fatigue sur les derniers kms est devenue imposante. Je ne vois plus Denis devant ni Quentin derrière. Les gens autour de moi commencent à trottiner puis marcher. Je suis à 4’15/km en moyenne et je sais que si je perds 1 seule seconde, l’objectif des 3h00 ne sera pas atteint. Je pensais vraiment pouvoir le faire pourtant. Mon semi à Vincennes en 1h21’48 m’avait donné beaucoup de confiance. Je suis vidé. Je regarde ma montre chaque 200m et suis désespéré de comment le temps ne s’écoule plus. Je me suis rendu compte que chaque kilomètre passé, était indiqué sur ma montre non pas 1,00km mais 1,01km. Trajectoire ou « bug » gps, je me rends compte que les 42,2kms se transforment en 42,6kms et que ces 4’15/km en moyenne ne suffiront donc sans doute pas à atteindre l’objectif. Le moral est au plus bas. J’ai beau penser à quoique ce soit de motivant, mais rien n’y fait. 35e km je me retourne et voit Quentin et son t-shirt vert porte bonheur. 200m je me retourne de nouveau et il s’est rapproché. Il me double. Je prends alors la décision suivante : peu importe les signaux de détresse que m’envoie mon corps, je ne détacherais pas d’une semelle ce t-shirt vert. Au moment où Quentin m’a doublé j’étais à 4’25/km et surtout au maximum de moi-même. Nous courons maintenant entre 4’10 et 4’14/km. Je n’ai plus aucune force. Je ne suis même plus capable de tourner la tête pour regarder le public ou les bateaux sur le port. Je sens que le moindre petit gravillon sous mes chaussures peut me tordre la cheville et me casser la jambe en deux. J’ai envie de pleurer tellement je n’ai plus de force. Je regarde ma montre : 37km. Certains moments, je ferme les yeux pendant une dizaine de secondes, en semi-malaise, mais lorsque je les rouvre, le t-shirt vert est toujours à son rythme à 40cms de moi. Je ne pense à rien. Je n’ai pas la force de penser à quoique ce soit de toute manière. Je ne vois rien d’autre que ce t-shirt vert. Je suis incapable de remarquer si des gens sont présent autour de moi. Un clown aurait pu faire du monocycle à côté de moi je ne l’aurais pas remarqué. 40e km : dernier ravitaillement. Je suis toujours collé à Quentin, je commence à pencher mon corps sur la droite vers les tables mais je me rends compte que Quentin n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Logique ! Les secondes sont comptées, il ne reste que 2200m et le ravitaillement nous ferait perdre trop de temps. Quand je m’aperçois de sa sage décision j’ai envie de l’égorger. Pas de ravito donc.

J’entends des cris au loin. Mon cerveau est déconnecté. S’il y avait eu un virage serré à ce moment, je serais allé tout droit. Mes muscles n’obéissent plus à ma tête, ils ne font que répéter ce geste qu’ils font depuis tant de minutes. Quentin commence à prendre de la distance. 5m, 10m, 15m, par pitié non ! Je me rends compte que le bruit que j’entends depuis tout à l’heure est en fait l’arrivée et le speaker : « Plus qu’1 minute avant les 3h00, FAITES DU BRUIIIT ». Les gens crient autour de moi. Tous les coureurs autour de moi marchent, ils ne passeront pas les 3h00. Pour ma part je ne sais toujours pas. « 30 secondes ! » Si proche du but… 3h d’effort pour rater l’objectif de si peu. J’accélère. Les cris des gens qui lisent mon prénom sur mon dossard « Allleeeez Matthieu » me donne l’impression que je suis là pour faire le spectacle, pour délivrer le suspens, arriverais-je à passer la ligne avant 3h00 ? Ces encouragements me redonnent un coup de fouet dont l’origine m’est inconnue. Mes jambes piquent, j’ai l’impression que mon cœur ne bat plus. Je suis en apnée. « 20 secondes ! » Horrible, je ne vais pas y arriver. J’accélère encore plus. C’est bête, ce n’est peut-être que des chiffres, mais ces 3h00 représentent beaucoup pour moi… D’un coup, j’aperçois le tapis bleu, je lève la tête 2h59’45s. Je lève les bras, les larmes aux yeux de nouveau. Je passe cette PUTAIN de ligne avant 3h00. Je fais 3 pas derrière cette ligne quand je sens que je ne peux plus tenir debout. Ma tête tourne. Je me tiens à la barrière mais je tombe tout de même au sol. Puis c’est parti pour 5 minutes de vomissements et une dizaine de secouristes à mes soins. Tous les visages sont flous sauf celui de Quentin qui paraît inquiet pour moi. Un deuxième apparaît net, celui de Denis. Je vois qu’il me tend la main pour que je tape dedans et me dis « Bravo Matthieu, tu l’as fait, tu l’as eu, t’as vraiment un mental de malade ». Cela me touche beaucoup. Peut-être parce qu’au fond j’ai peur que les gens pensent que je fais ces performances par génétique et qu’ils ne reconnaitraient pas la douleur psychologique que je m’inflige. Je tiens à dire qu’il y a 2 ans, je ne passais pas les 45’ sur 10kms. En tout cas, les gars merci pour tout. Je ne te remercierais jamais assez Quentin pour m’avoir « tracté » jusqu’à la finish line. Et bravo à vous tous, membres de la team « Versailles Tri La Rochelle » pour ces performances accomplies, objectifs atteints ou non 😉

Une belle matinée de terminée, c’est parti pour 8h de route et une semaine de partiels ! Le marathon passé, sorti de la tête, c’est le moment de récupérer puis de débuter la préparation hivernale pour l’ultime objectif : l’Ironman de Maastricht.

Matt

PS : Les rumeurs sont vérifiées, le marathon est vraiment un truc de barjo et je suis incapable de marcher correctement en ce lundi 28/11/16, lendemain du marathon de la Rochelle…


CR La Rochelle 2016

| Grégory Bajon


Je me revois 4 ans en arrière, durant ces années ou je préférai ne rien faire, mon sport préféré et je n’étais pas si mauvais dans cet exercice… pour vous donner un aperçu de mes talents de l’époque je n’arrivais pas à courir plus de 10 minutes sans m’arrêter … mais maintenant parlons un peu de sport du vrai sport !!!
Aujourd’hui après 4 ans de travail et de dur labeur je peux « presque » prétendre d’être un triathlète réussissant tout de même à finir des triathlons Half IronMan (1,9km de natation, 90km de vélo et 21 km de course à pied) en moins de 6 heures ce qui reste un niveau plus qu’acceptable (en tout cas pour ma part j’en suis assez fier) et qui demande finalement quelques heures d’entrainement par semaine entre 8 et 12 heures en fonction des épreuves et de la saison.
En janvier de cette année 2016 me trotte cette idée de me lancer l’objectif de faire un marathon, mais pourquoi un marathon me diriez-vous … Uniquement pour me prouver encore et encore que quand je décide quelques choses je suis capable de tout mettre en œuvre pour y arriver et même si j’échoue je n’ai aucun regret car j’ai tout donné ou sinon je me trouve des excuses plus ou moins valable pour mieux digérer l’échec sportif. Un jour lors d’un entrainement de running sur piste j’entends des camarades de triathlon parler de faire en 2016l e marathon de la Rochelle et je saute tout de suite sur l’occasion en me disant super je peux être loger par mon oncle qui habite juste à côté et qui a une maison très agréable avec piscine, idéal pour un triathlète sauf que le marathon de la Rochelle est au mois de novembre…
Encore cette année j’ai mal géré mon planning de mes courses et j’ai planifié le Half Ironman de Mallorque le 16 octobre, seulement 6 semaines avant le marathon de la Rochelle. Et il est claire que 6 semaines pour préparer un marathon après un Half Ironman c’est beaucoup, beaucoup trop court, donc j’écourte la récupération à 7 jours au lieu de 21 jours d’habitude.
Au fur et à mesure toute la fine équipe se forme petit à petit, Maxime, Denis, Quentin, Mathieu, William et moi, nous nous connaissons tous un peu et sommes déjà partis sur des épreuves à plusieurs ou en stage de triathlon organisé par le club de Versailles, donc aucun doute l’ambiance sera bonne entre nous. William est le premier à déclarer forfait car sa saison de triathlon a été longue et plutôt réussie qui plus est et il juge qu’il est temps de penser à la récupération, après coup j’aurai peut-être dû suivre son exemple mais ce n’est pas grave c’est ainsi qu’on apprend le mieux en faisant des erreurs et en se remettant en question continuellement. Le départ de William de la troupe est vite comblé par l’arrivée de Guillaume dans la Team. Ouf on le connait bien également.
Je ne parlerais pas trop de ma préparation car j’en ai pas eu ou du moins j’ai essayé de caller trois séances dans les 5 semaines précédant le marathon avec une sortie longue entre 18 et 21 km, une séance de VMA avec le club et quelques séances de seuils mais sans réussite car la fatigue du triathlon de Mallorque me poursuit et ne me lâche pas mais je suis une personne têtue donc je vais aller à la Rochelle coûte que coûte. Malgré une foulure à la cheville 3 semaines avant le départ mon moral reste au beau fixe et je sais qu’une semaine de repos supplémentaire après Mallorque ne sera pas un luxe.
Nous voilà partis en troupe vers l’assaut de la Rochelle, nous vîmes à 6 nous reviendrons à 6, les 6 mousquetaires de la Rochelle. Le trajet en calèche du club se fait comme une lettre à la poste et nous arrivons directement pour récupérer notre dossard et tout de suite nous sommes dans l’ambiance de la course ; 6000 personnes au départ ça commence à faire du monde lors du retrait des dossards, un air de Paris Versailles dans le gymnase d’Issy les Moulineaux règne au-dessus de nos têtes.
Le grand jour de mon premier marathon est arrivé, je ne m’en rends pas compte tout de suite mais dès le lever du jour j’ai tout faux, mauvaise alimentation mauvaise hydratation, ma préparation aura été mauvaise du début à la fin au moins sur ce point-là j’ai été cohérent du début jusqu’à la fin. Que ça me serve de leçon pour le futur. Une fois arrivé sur le site de la course nous avons tous déposé nos sacs à la consigne lais il ne reste plus que 15 minutes avant le départ et je suis donc pressé par le temps chose que je n’aime Passy tout lors des triathlons et je ne me l’applique pas lors de ce marathon mais pourquoi donc … Sans doute le stress de l’inconnu et j’en perds mes repères.
Toujours est-il que le départ est donné et une pluie de sac poubelles, de pulls en tout genre surtout du genre « j’ai bien vécu » s’abat sur les spectateurs. C’est donc bel et bien parti pour 42,195 km, le premier kilomètre est très chargé et je perds 20 secondes sur mon objectif du coup je les récupère sans problème au deuxième kilomètre mais finalement ça change mon rythme que je m’étais fixé et ça me coûtera très cher par la suite.
Je cours avec Guillaume le premier semi-marathon et c’est super agréable le temps passe beaucoup plus vite mais à chaque kilomètre nous nous répétons « nous allons trop vite » clairement l’objectif des 5’41 n’est pas respecté puisque nous sommes à 5’10 en moyenne sur le semi… pour ma part le 22 eme km et les suivants sont une découverte complète. Je me sens bien jusqu’au 28 ou mon rythme descend enfin vers l’objectif des 5’41 au km par contre au 32eme kilomètre je tombe à 6’ et je découvre quelques kilomètres plus tard la sensation des jambes raides complètements tétanisées qui font que je commence à marcher trop souvent (il paraît qu’on appelle ça le Mur). Au kilomètre 34 j’ai des douleurs qui apparaissent au pied, des ampoules se font sentir et j’ai en mémoire mon half de Deauville de cette année ou j’ai terminé les pieds en sang (oui un semi-marathon sans chaussette ça peut faire très mal) mon cerveau décide de stopper l’aventure et de se préserver afin d’éviter de me blesser.
Avec du recul je suis content d’avoir tenté ce marathon et même d’avoir abandonné je pense au bon moment. Je suis rentré avec la fine équipe en discutant plus sérieusement de leur préparation et dans ma tête c’était décidé je retente au mois de mars ou avril un marathon pour le terminer cette fois ci mais surtout avec une préparation sérieuse. Le soir même je me suis inscrit au marathon de Paris et je récupère par la suite un plan de préparation qu’on suivit Quentin et Denis, la revanche s’annonce longue mais passionnante.
Le moral de cette aventure est qu’un marathon ça se prépare sérieusement avec au minimum 10 semaines sinon on évite de se fixer un objectif de temps car quand la flamme de ton objectif de dépasse ton moral en prend un sacré coup au moral.
De plus pour tous les coureurs de semi-marathon, la distance du marathon est à réaliser au moins une fois dans sa vie sinon il est possible que vous ailliez des regrets vers les 70 ans de ne pas l’avoir fait au moins une fois (première réflexion de mon père après mon retour de La Rochelle, qui a couru je ne sais combien de semi ou de Paris-Versailles).

 


CR La Rochelle 2016

| Denis Scouarnec


Deuxième assaut de l’année sur la distance marathon. Après avoir attaqué par la face sud (de l’Espagne) et raboté mon record de près de 4min, il ne restait plus que le moitié de ce chemin pour atteindre le sommet du marathonien amateur: sub3h. J’ai donc ajouté cette ascension par la face ouest (de la France) pour tenter cet Everest que constitue le seuil des 3h (pour les coureurs de mon niveau).

Autre destination plus exotique initialement envisagée (Valence) a la même période pour continuer à surfer sur la vague espagnole de mes 2 derniers 42kms ayant été des francs succès, mais la constitution dès la fin de l’été d’un petit groupe motivé Versailles tri a modifié ce plan. Partir au carton avec le support d’autres athlètes du club était un des leviers possibles que j’avais identifié lors de l’analyse post-Séville en février dernier pour mettre tous les atouts de mon côté.

Le coaching était une autre clé pour être plus fort grâce à l’apport d’un regard extérieur et la valeur ajoutée d’une expertise supplémentaire

Le chemin s’est déroulé comme espéré avec un 10km en 37min, le Semi en 1h22, et le plan d’entraînement effectué dans son intégralité sans trop de soucis; tout juste des petites alertes physiques mineures.

Enfin le WE de vérité; car on n’est jamais sûr avant, ni même pendant la course: le meneur d’allure 3h peut en témoigner.

Samedi:
Petite mise en jambe a vélo pour récupérer la ceinture Garmin HRM neuve envoyée pour remplacer celle toujours sous garantie que j’utilisais sans pouvoir exploiter le signal cardio depuis plus plusieurs mois.

RDV avec le reste de l’équipe V tri à Montbauron pour prendre le départ en « transport de troupe » vers La Rochelle. Guillaume C, Greg B, Maxime L, Matthieu L et Quentin S composent la vague d’assaut partant de Versailles pour dompter les 42km en cette fin novembre. Trajet sans réel souci en mode repos/larve pour la plupart d’entre nous comme en témoigne la vidéo de Greg!
Premier petit caillou dans la chaussure du WE, l’embouteillage pour approcher du village marathon nous permet de tester le parking sauvage sur un terrain privé (entrepôt SNCF). A l’intérieur du l’espace Encan, les ralentissements piétons cette fois sont également bien présents. Après ce retrait des dossards, une discussion rapide amorcée par Quentin nous permet de faire connaissance avec une cible utile pour le lendemain: le pacer 3h avec sa flamme rouge sur le dos. Détenteur d’un record en 2h19 sur marathon, on se dit qu’il a effectivement un peu de marge pour nous amener en 3h sur la ligne d’arrivée.
Direction l’hébergement du soir, gracieusement fourni par Greg grâce à son oncle qui dispose d’une belle bâtisse à qq km de La Rochelle. Deuxième contretemps: arrivés un peu plus tôt qu’attendus visiblement, notre minivan reste bloqué devant le portail d’accès fermé. Un petit détour par le seul lieu de vie ouvert du village voisin nous permet ainsi d’improviser une grosse fiesta au coca dans le (micro)bar/pizzeria « La calèche ».
Pari risqué du groupe pour le repas du soir: me confier la cuisson des pâtes, étant donné mes talents culinaires très modestes.

Dimanche D-day:
Réveil a 6h après une nuit correcte grâce à une extinction des feux bien tôt pour un samedi soir. J’aime dormir dans une atmosphère fraîche, et j’ai été servi.
Au petit déjeuner pris en commun, le manque d’expérience se fait sentir. Passons sur la proposition initiale de déguster des pasta aussi au saut du lit (en plus de la veille au soir). La consommation de céréales a moins de 3h du départ, ou encore le gatosport en forme et avec la dureté d’une boule de pétanque confirme qu’il y a encore qq tâtonnements dans l’approche d’une telle course.

L’air vivifiant pour passer de la maison à notre véhicule d’assaut confirme que la mode automne/hiver en Charente maritime se déclinera avantageusement avec le port de gracieux sacs poubelles 😀
Arrivés à destination sur le parking du parc expo, un léger manque de préparation nous permet de tâtonner pour chercher la bonne direction, à savoir le lieu de départ en centre-ville.
Comme le 6°C ambiant est plutôt ressenti 3°C grâce au léger vent de NE, je choisi l’option moins téméraire des manchettes pour moduler la protection des bras. Tout le monde n’est pas aussi confiant que Matthieu, qui part à nouveau a l’assaut en simple débardeur (comme pour le semi de Vincennes).
L’arrosage de qq arbres en centre-ville met un peu d’ambiance avec la crise de nerfs d’un autochtone ouvrant ses volets sur cet enthousiasmant panorama.
Nouvel écueil, et pas le moins stressant, avec un vrai bordel pour tenter d’accéder au sas 3h, car il faut traverser celui des 3h15 avec ses concurrents déjà bien entassés, et peu enclins à laisser passer. Du coup, je perds le contact avec Quentin « machine de guerre » et Matt « warrior man » dans la bataille entre la fin de l’échauffement et l’accès au sas de départ.
Je suis bien placé à l’avant du sas, seulement quelques rangées derrière les premiers, a peu près à hauteur du pacer 3h avec sa flamme rouge, mais de l’autre côté de la rue. Le coup de feu vient assez vite étant donné cette arrivée tardive en position d’attente. Pas le temps de s’ennuyer, juste assez pour vérifier à plusieurs reprises si je ne vois pas un autre membre de la V Team à proximité.
S’élancer des quais de La Rochelle est très agréable: beau paysage encore rehaussé par ce ciel clair. Je trouve très vite un autre dérivatif en récupérant en visuel le maillot vert de Quentin à peine qq mètres devant moi. Je me demande comment on a pu ne pas se voir lors de l’attente dans le sas, mais suis très content de voir qu’il n’est pas trop loin. Je n’aurais pas envisagé de me mettre à l’allure semi pour le rattraper. Je le rejoins qq centaines de mètres après le départ, et Matthieu plus en retrait dans le sas nous rejoindra plus loin.
Un long faux plat montant permet à qq novices de se mettre déjà dans le rouge (en se disant sûrement qu’ils doivent conserver leur vitesse moyenne cible 😀), avant de dérouler la foulée dans la descente précédant la jonction avec ceux partis du deuxième départ (plus de 3km de parcours séparés quand même).
Nouveau dérivatif grâce à cette fusion avec le reste des concurrent(e)s, et les 3-4kms suivants passent comme une lettre à l’ASPTT Tours 😉
S’ensuit un chassé-croisé avec Matthieu qui nous double alors qu’il s’était déjà échappé vers l’avant auparavant, car il s’était arrêté entre-temps. Même débauche d’énergie pour quentin mais avec un retour bien plus amorti après une pause technique forcée.
On reste devant le meneur d’allure 3h jusqu’au 25e km environ. Il était parti sagement, avec un gros peloton de coureurs sur ses talons au passage a mi-course (~70 annoncés par le speaker), mais un gros coup d’accélérateur de sa part a fait fondre le groupe au moment où il nous rattrape. Me sachant sur la bonne allure (~4’15″/km), je me fais quand même doubler, m’accroche un peu, mais ayant accéléré en moins de 4’10 », n’insiste pas au risque de passer dans le rouge. Je constate alors que l’avance de ce gruppetto augmente (trop) vite à mon goût. Je limite quand même l’accroissement de cet écart dans la montée avant le 30e km, pour rester en contact visuel, mais commence à me trouver un peu seul car j’ai de nouveau -et définitivement cette fois- perdu les deux autres combattants versaillais dans la bataille du rattrapage & dépassement par le pacer 3h. Je perds ensuite le visuel sur la flamme rouge vers le 35e km, mais le retrouve très vite à ma grande surprise arrêté au début de la deuxième boucle sur le port des minimes. Il repart quand même avant que je le rejoigne, et sur la bonne vitesse car l’écart entre nous reste stable, mais moins d’un km plus loin, son deuxième arrêt ressemble à une capitulation. Je lui demande si ça va en passant mais n’ai pas le temps de comprendre sa réponse. Une chose est sûre, il allait trop vite au moins depuis le passage au semi, et la flamme (poids & résistance au vent) ne doit pas aider non plus. Mais quand on court un marathon, qu’on est dans le dur musculairement après le 35e km, et qu’on voit un coureur qui a couru en moins de 2h20 ne pas tenir le rythme qu’on essaye de garder, tous les voyants passent au rouge si l’on ajoute qu’il n’y a pratiquement plus d’autres coureurs au contact, et qu’on sait déjà que la portion suivante sera une (très) longue ligne droite en bord de mer avec vent de Nord Est de 3/4 face.
Au moment où je faiblis vraiment (dernier km en 4’25 »), en ayant de plus en plus de mal à faire abstraction des muscles des  jambes qui commencent à être durs comme du béton, un support providentiel me rattrape. Je venais juste de me regonfler un peu le moral en calculant pour la première fois depuis le semi-marathon où je me situais par rapport au rythme à tenir pour passer la ligne sous les 3h. Ayant perdu 10s au km encore loin de l’arrivée, j’avais besoin de savoir où j’en étais. En passant en 2h41 au 38e km, je calculais que cela me permettait de finir en 4’30 les 4 km suivants, et il me restait encore une petite minute pour les 195 derniers mètres. Ce support inattendu est le rattrapage par un petit groupe de 5 menés par un coureur avec dossard du sas élite, et qui maintiennent visiblement la bonne allure. Ce meneur d’allure de substitution prend son rôle très à cœur et n’hésite pas à interpeller tout le monde pour que le groupe s’accroche. Il parle souvent, trouve les bons mots, harangue les autres et n’hésite pas à nous interpeller directement. Je me souviendrai toujours du « Allez Denis avec nous » qu’il a clamé après s’être retourné pour lire mon dossard au moment où j’ai accroché le groupe. Je comprend vite que c’est un train à ne pas rater, et j’accroche mon wagon à cette locomotive en éteignant tant bien que mal les signaux de douleur. Je sais que le gain en courant a l’abri du vent, et en n’ayant plus à me demander si l’allure est suffisante, vaut le coup de prendre le risque d’exploser en plein vol (crampe, hypoglycémie ou autre réjouissance).
Grâce à ce nouveau meneur d’allure s’étant donné pour mission d’agréger à son peloton tous ceux qu’il pouvait aider à finir sous les 3h, j’ai l’impression de ré accélérer. En fait, je limite plutôt mon ralentissement, et ne reste pas jusqu’au bout sur les talons du guide improvisé malgré une dérive cardiaque vers le haut qui me place plutôt en effort semi-marathon. L’essentiel est là malgré ce décrochage, car je reviens en centre ville, abrité du vent et avec la foule dense qui permet de se transcender sur une fin de course. Le dernier km est un vrai bonheur: toujours physiquement dur jusqu’au dernier virage au pied des tours, mais mentalement porté par la certitude de finir sous les 3h. Cette fin de course à La Rochelle fait l’unanimité, et donne la sensation d’une arrivée d’étape du tour de france, avec un public dense  qui ne nous laisse qu’un couloir assez étroit sur les quais pour passer, donc très proche de nous contrairement à la plupart des autres marathons que j’ai fait (notamment Paris). Malgré les pavés, il devient presque facile d’accélérer grâce à cette ferveur du public et son enthousiasme à encourager ces galériens du bitume qui finissent dans un état de fraîcheur très relatif !
Je lève les bras qq dizaines de mètres avant la ligne quand la vague de bonheur me submerge en voyant le chrono encore au passage de 2h58 a 2h59 sur l’arche d’arrivée, et pour la première fois en oublie presque de sprinter.
Le rituel des accolades avec les coureurs ayant souffert à nos côtés au moins sur la fin de course est vite abrégé quand je me retourne vers la ligne et voit le maillot vert déjà arrivé. J’avais fait abstraction de Quentin et Matt sur toute la fin de course en pensant qu’ils n’avaient pas tenu l’allure afin de me focaliser sur des pensées plus positives, et suis heureux de constater que je m’étais trompé. Un bonheur n’arrivant jamais seul, il me dit que Matt est arrivé aussi, mais déjà pris en charge par les secours. Je vais voir sans être plus inquiet que ça car il nous a fait la même au semi de Vincennes le mois précédent. Il est encore allé au bout de lui-même mais reprend déjà ses esprits après avoir posé une belle galette, et je le félicite avec un « bravo tu l’as fait », mais les caméras restant braquées sur sa détresse temporaire m’énervent et je leur fait comprendre qu’il feraient mieux de filmer les finishers sur la ligne que Matt à terre.
Mon léger regret est de ne pas avoir passé la ligne en équipe. Cela aurait été un vrai regret si un était resté qq secondes au dessus de la barre des 3h, en me disant que j’aurais pu aider à atteindre cet objectif, mais heureusement ce n’est pas le cas, et la V Team a réalisé un magnifique tir groupé sub3h à trois dans la même minute 👍.
Matt avouant dans son CR a posteriori que sa locomotive pour passer la ligne aura été quentin, je me fais un plaisir de lui rappeler nos conversations sur son esprit de compétition exacerbé. J’essayais de lui faire comprendre qu’un marathon est différent d’un course courte. L’esprit d’équipe et d’entraide est important: on court un marathon contre le chrono et contre soi-même, mais avec les autres.
Bravo aussi à Max qui réussit exactement son objectif de 3h15, et ce n’est que partie remise pour Greg (qui arrivait sans préparation spécifique marathon en raison d’un fin tardive de saison triathlon) et pour Guillaume (blessé en cours de prépa et n’ayant pu mener à bien son plan d’entraînement) qui après avoir sagement arrêtés tous deux après plus de 30km parcourus sont d’ores et déjà inscrits pour Paris en avril 2017.
J’ai atteint cette barre des 3h, mais pas seul: un peu grâce à eux aussi, et encore un peu plus grâce au coaching d’Audric pour renouveler et optimiser ma préparation marathon pourtant déjà bien rodée.
Place maintenant à de nouveaux objectifs probablement plus nature et trail pour moi: je vais laisser les « gamins » repousser leurs limites pour abaisser encore leur chrono, car un tel résultat dès leur premier marathon -même bien préparé- laisse objectivement de la place pour un meilleur temps.

 


La Rochelle, mon 2ème marathon. Chronique d’une défaillance.

| Guillaume Chauvel

Après une découverte avec Paris 2016 qui s’est conclue par un honorable temps de 3h55, avec un 2ième semi rallongé de 15 minutes. L’objectif est de faire une bonne préparation afin de ne pas ralentir dans la 2ème partie de la course. Mes récentes participations à Paris-Versailles et au  20km de Paris me permettent d’envisager un meilleur temps, je me fixe un chrono de 3h45 comme cible.

L’entraînement est établi, j’ai prévu 4 types de séance dans la semaine: endurance fondamentale courte, seuil, VMA et sortie longue. Le seuil et la VMA seront assurés par les séances club, les sorties courte et longue seront faites en dehors. Les semaines passent et je suis assez bien la trame du plan, le corps tient, seul un léger signal est émis par le tendon d’Achille après une course.

Début Novembre, Après la plus imposante sortie longue du programme, ma jambe droite me rappelle qu’elle existe. Une douleur légère mais diffuse est là. Les tendons, muscles, os, le genou ou bien en dessous, je ne sais pas trop ce qui lâche. Seul certitude, lorsque je cours, je sens quelque chose.

C’est la première épreuve lointaine que je vais faire avec un groupe du club, Pour m’aligner sur le départ, il faut que je me sente mieux, il va falloir ménager la machine.

Deux semaines sont passées, mercredi soir séance sur la piste. À la moitié de L’échauffement, je sens déjà que la situation n’est pas parfaite. Je veux tester un 400m plus lent que la consigne du jour du coach. C’est beaucoup trop sensible, je fais 10 minutes sur la boucle cendrée puis arrête.

Ma première idée était bien sûr de progresser pour ce marathon, je révise l’objectif sur le finir, en gardant en tête tout de même l’imposante barrière psychologique des 4h.

Vendredi soir, la veille du départ pour la Rochelle, je veux vérifier si c’est bon. J’ai répondu aux mails d’organisation sur l’horaire du départ, le point de rendez-vous, je n’ai pas envie d’envoyer un message pour annoncer mon forfait. Je fais donc un parcours de 6km, lent, en deçà de la nouvelle vitesse ciblée. Ça passe, pas de grandes différences entre les 2 jambes. La jambe gauche était bien durant la préparation, elle est bien maintenant, donc la droite l’est.

9h00, départ de la course. Les conditions sont bonnes, ciel bleu, temps frais. Je suis avec Grégory et Maxime. Greg a le même objectif que moi, les 4h. Nous passons la ligne. Le démarrage est lent, il y a du monde autour de nous. Pas grave, cela va nous permettre de rentrer doucement dans la course, l’échauffement ayant plutôt été un léger réveil musculaire.

Les premiers kilomètres se passent bien, la jambe droite est toujours identique à la gauche, aucune mauvaise sensation. Rapidement, les montres nous rappellent à l’ordre:, “On est trop rapide”. L’allure est effectivement plus rapide que la moyenne requise pour le chrono de 4h. Me disant qu’on va forcément ralentir dans la 2ème moitié, je ne me fais pas de soucis. On est en 5’10 voir 5’15 au kilomètre, pour moi c’est correct.

Au 13ième, je sens que les intestins sont remplis. Si je m’arrête ça va risquer de compromettre le temps, je n’ai pas beaucoup de marge.

Les kilomètres s’enchaînent, “On est trop rapide” est devenu un refrain.

19ème, ça commence à tirer un peu. Passage du semi en 1h50.

23ème, on accuse le coup. Nous sommes descendus à 5’35”/km, Je prends une infime avance sur Grég. L’écart n’augmentera pas plus que 15 mètres. J’ai une gêne à la jambe droite, mais rien de comparable à ce que j’ai eu jusque là. C’est léger, mais ça fait mal. Mon coéquipier revient sur moi, il passe devant, j’accroche le train mais ça tire.

25ème, trop dérangé par les boyaux pour continuer, je m’arrête devant les toilettes. 3 longues minutes à attendre avant prendre la place. Je ne suis pas si pressé que ça mais c’est autant de temps perdu pour la course.

Je sors et relance la course. La reprise est lente, mais l’arrêt a été salutaire, ça ne tire plus, ça fait juste mal.

27ème, je commence à marcher. À Paris, j’avais marcher 100m au 36ème et fini au moins en footing, là j’ai déjà dépassé cette barrière. Je me remets plusieurs fois en rythme de course mais ça fait mal.

On approche du centre ville, la zone d’arrivée n’est pas loin, je me résous à prendre la décision: j’abandonne. Je veux désormais rallier l’arrivée pour retrouver les 4 leaders qui auront largement fini au moment où j’arriverai. Je sors du parcours, je marche en coupant une boucle du tracé. Normalement je crois que je vais rater 2 zones de chronométrage, dans mon esprit je suis complètement hors course. J’arrive vers le port, la zone d’arrivée est proche. Je me suis remis dans le chemin de la course, je marche vers la fin.

La foule est dense, toute proche. Un chrono officiel indique 3h18 de course, le mien est coupé depuis longtemps. La foule dense encourage les coureurs, je suis gêné, pour moi ma course est finie. Je me dis que j’aurais du me mettre en retrait derrière le public. Trop tard, l’arrivée est quasiment en vue. Toutes les personnes m’encouragent, mais pourquoi est ce qu’il y a mon prénom sur le dossard! La gêne se transforme en honte. Je me remets à courir, les acclamations nominatives du public s’arrêtent, l’illusion est là, je suis un coureur. J’ai suffisamment récupéré pour maintenir une allure toutefois faible par rapport aux marathoniens qui me doublent. Je franchis donc la ligne d’arrivée. Je me demande si Greg à lui eu le courage de continuer. Je cherche les autres, contrat rempli pour les 3 premiers, Maxime est dans son objectif. Je retrouve Greg dans le vestiaire, il m’annonce son abandon au 34.

Durant le trajet retour, les résultats sont publiés, je suis classé avec 3h23. Mais pourquoi ?! J’ai ignoré 2 cellules et mon temps à l’arrivée n’est pas du tout cohérent avec la première partie de course. Greg me surnomme l’escroc, j’en rigole aussi mais je n’en suis pas fier, je prive de leur place tout ceux qui ont tenu jusqu’au bout. Je rédige un mail à l’organisation pour leur signaler, j’ignore si des vérifications sont faites sur les temps. 3 jours plus tard, j’ai disparu du classement. Justice est rendue.

C’est mon premier échec sur une course. Mais la revanche est déjà programmée depuis le 7 avril 2016 pour le marathon de Paris 2017.