En cette période calme de compétition, je propose un peu de lecture sur mes récentes expériences sportives pour les partager même si les résultats ne sont pas brillants.

Je me suis cru autorisé à essayer l’ultra trail, évidemment pas un 160k mais plus raisonnablement un 100k. Les optimistes comme moi ne manquant pas, il faut attendre deux ans pour être accepté à courir la CCC, et me voilà donc en Italie, à Courmayeur, fin août, avec Martin que le hasard a guidé dans les mêmes hôtels que moi. Préparé comme jamais, je suis cette fois-ci irréprochable, j’ai accumulé des kilomètres autant que possible, j’ai fait plus attention aux questions diététiques,… Bref, à part un genou à surveiller, je suis paré. Quant à Martin, il est rentré récemment de deux semaines de vacances en famille à l’étranger, ce n’est pas l’idéal.

 

La veille de notre course, nous suivons avec attention la progression de Grégoire qui fait la TDS, version 130k du week-end. Sa belle performance nous encourage, on doit être capable de l’imiter. Mais attention, la chaleur du week-end a généré une part importante d’abandons, il faudra surveiller son hydratation. Nous avons aussi croisé Caroline, venue encourager un ami sur la TDS qui, bien fiévreux, ne pouvait pas réussir ce jour J.

 

La CCC démarre à Courmayeur à 9h, horaire raisonnable. Je suis dans la deuxième vague tandis que Martin est dans la troisième, nous sommes donc séparés tout de suite. Cette grande balade commence par une ascension qui me fait comprendre rapidement pourquoi la moyenne horaire est si faible dans ce type de course. Au début, dans les bois, nous sommes un peu freinés, jusqu’à ce que nous soyons bien l’un derrière l’autre à grimper sur une trace en zig-zag pour absorber le relief. Première grimpette 2h49 pour 12k,… j’ai plutôt pensé à profiter du paysage somptueux du massif du Mont Blanc, avec films et photos,… Première descente : prudence !!! Pour la première fois, j’ai pris des bâtons avec moi, et l’objectif est de préserver mon genou en m’aidant des bâtons. Avec ce réflexe de survie, je ne vais donc pas très vite, et je laisse passer ceux qui se défoulent. Premier ravitaillement en bas, la moyenne n’a guère évolué. Le soleil est bien présent mais je ne dégouline pas comme en région parisienne. A la vitesse où l’on va, je n’ai pas l’impression de brûler beaucoup mais je m’efforce à boire, mais quand même, je suis peut-être en retard sur le sujet par rapport aux recommandations. Ensuite, superbe passage le long d’une vallée, c’est un peu plus roulant. C’est là où je prends ma gamelle traditionnelle, en butant sur une racine déguisée en tas de sable… Lâcher de bâtons et atterrissage maîtrisé pour le spectacle !! Au fond de cette vallée, la seule issue est de grimper avec une ascension sérieuse qui revient sur 2500m. Toujours tranquille, je papote avec un gars qui m’a impressionné, il m’a reconnu alors que nous nous étions croisés dans le boulot en costume-cravate il y a longtemps. Ici, le look est un peu différent… Je prends mon pouls, 120/130, c’est cool, alors qu’en haut, c’est déjà une défaillance prise en charge par un tandem médical. On passe ensuite en Suisse, c’est une belle descente, mais j’ai toujours peur de dévaler. Le soleil s’estompe vite en montagne, je deviens moins vigilant sur la boisson comme j’ai l’impression de ne pas trop me fatiguer, mais à un point de ravitaillement, je constate en mangeant que je n’ai plus de salive. Il s’agit donc de boire, et j’absorbe aussi de la compote, aliment que j’ai appris à  rajouter à ma panoplie sur les conseils de Martin et Grégoire. Etape suivante au 42ème atteinte en 9 heures, je ne pensais pas être aussi lent sur cette distance… Je réduis  ce ravitaillement au minimum, une bonne soupe comme à chaque arrêt, quelques trucs salés, peut-être pas assez de sucré ( ?), et je file sur Champeix en traversant quelques villages paisibles en cette fin de journée, toujours dans le rythme général. La nuit tombe dans la forêt, enfin de la fraîcheur, le grand ravitaillement se fait attendre, je commence à trouver le temps long, mauvais signe, mais on finit par y arriver dans une belle ambiance. C’est l’heure d’affluence sous l’immense chapiteau, chacun fait le point avant la nuit, l’aide extérieure est permise mais Lisbeth ne pouvait pas m’attendre. C’est avec un grand soulagement que je pose mon sac qui devient de plus en plus lourd, je suis maintenant marqué par la durée, cela ne rigole plus, mon voisin met son estomac sur le sol, cela rassure… J’arrive à manger soupe, yaourt, compote. Tant que l’estomac tient, c’est bon, mais le doute s’installe. Lisbeth m’apprend que Martin est trop en retard, c’est fini pour lui, il ne me rattrapera pas cette fois-ci. Je la rassure, je suis certes fatigué mais je n’ai mal nulle part et peut repartir confiant. 22h et il reste 42k à faire, et si je fais du 4 km/h pépère, cela reste bon. Pour m’économiser, je marche donc le long du lac et dans la forêt qui débute avec une portion facile. Mais en abordant l’ascension suivante, mon estomac refuse la boisson : arrêt de l’alimentation. Moments de suspense, je conserve finalement le dernier ravitaillement en me disant qu’il va me permettre de grimper, mais rapidement, je suis contraint à faire des pauses et le défilé des concurrents commence, je deviens incapable du moindre effort, je monte à 2 km/h, c’est interminable, et un de mes bâtons en profite pour se dévisser et perdre une pièce… La perspective de l’arrivée s’estompe progressivement… Le plus dur est fait, arrivé sur un replat, je m’allonge pour profiter de la nuit, des étoiles et du paysage de la vallée où s’illumine une ville importante, mais au bout d’un moment, il faut se décider et repartir. En faux plat montant, je fais illusion et on finit par arriver au pointage du sommet. Je vérifie, il me reste deux grosses ascensions. Finir un Ironman en marchant, c’est possible, mais ici, cela ne l’est pas. Et puis à cet endroit gisent deux gars en couverture de survie, l’objectif est de ne pas finir comme eux. Il ne me reste plus qu’à descendre dignement vers Trient où se situent l’avant-dernière barrière horaire et des navettes. Finalement, même en descente, je me traîne, je réponds aux deux sms inquiets de mon dernier pointage : Grégoire m’encourage à 3h du matin, j’apprécie mais je n’ai pas comme lui de recette pour ressurgir du néant. Quant à Lisbeth, je lui annonce qu’elle aura le privilège de venir me chercher à Chamonix au lieu de rester au lit…

Arrivé à près de 4h en bas, je pourrai repartir, une ascension, pourquoi pas, mais si c’est pour se faire sortir par la dernière barrière horaire, continuer devient stupide, et j’ai en tête l’image de Diniz s’écroulant, je n’ai pas envie que cela m’arrive en pleine nuit, en pleine montagne… Avec le recul, j’aurai pu essayer de me réalimenter à ce ravitaillement, cela aurait pu faire un test, il y a peut-être quelque chose qui aurait pu passer, je n’avais plus rien à perdre… Je découvre donc l’amère expérience de l’abandon et le retour en navette après 18h30 de promenade, 72k et 4300m de dénivelé. Pour relativiser, je peux me dire que 567 concurrents ont abandonné avant moi sur les 2129 partants…

Mais je reste songeur face à l’exploit réalisé par Grégoire sur la Diagonale des FOUS… !!!

 

Si j’avais su, j’aurai allégé mon sac. Même la nuit en petit maillot, l’obligation de porter tout ce qu’il faut pour faire face aux caprices de la montagne m’a pesé !! Mon ravitaillement personnel solide était aussi en excédent, ou sous-utilisé ( ?). Surtout, il n’est pas impossible que l’accumulation des kilomètres soit suffisante quand on est à 150m d’altitude maximale, j’aurai peut-être dû faire une sortie longue en montagne… Quoiqu’il en soit, ce fût une magnifique journée, une très profitable expérience à renouveler. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait mais en toute logique, c’est encore l’alimentation le point crucial. Une fois le carburant remis, j’ai pu reprendre le vélo dans la semaine de vacances qui a suivi au lieu d’être sur un lit d’hôpital sous perfusion, et aussi passer sans interruption à mon autre objectif de l’année.

Pour finir, je soumets à toute compétence ostéopathe un phénomène aussi mystérieux qu’incompréhensible : depuis ce jour, je ne ressens plus rien au genou quand je cours en descente.

 

Cela fait des années que je n’avais pas fait la descente de Paris-Versailles à fond… Dans un élan d’euphorie, j’ai retrouvé la piste de Montbauron début octobre, mais à vouloir faire le jeune sur des séries de 200m, j’ai ramené à la maison une blessure à hauteur du fessier qui m’a interdit toute allure rapide par la suite. Mais ma cuisse tient les 12km/h début Novembre, je peux débarquer à New York pas trop inquiet. Pour se mettre en jambe, le touriste piétine sur 20km le jeudi puis 15km le vendredi, il faut quand même profiter de la ville…

 

31 ans après mon premier marathon, me voilà enfin au départ de celui qui me faisait rêver. Même si mes objectifs ont évolué avec l’âge, cela reste impressionnant avec ce départ majestueux sur le pont Verrazzano et sa vue sur Manhattan, ces traversées de quartiers variés dans un vacarme assourdissant de spectateurs et d’orchestre tout au long du parcours, ce Queensborough bridge métallique, cette interminable 1ère avenue sur Manhattan, ce retour sur Central Park, sur la 5ème avenue d’abord puis dans le parc lui-même. C’était assez fantastique mais je n’ai hélas pas profité de Central Park qui m’a été particulièrement pénible. Le coupable, c’est encore moi, bercé par l’euphorie du départ, le toboggan de la descente du Verrazzano avec un km sous les 4’, du jamais vu pour moi, puis 10k en 46’, un semi en 1h40… Bref, du n’importe quoi pour mes capacités. Pourtant, je me sentais bien, mais les belles pentes ascendantes des ponts ont commencé à me calmer, et ce qui devait arriver arriva : implosion. Lisbeth , encore postée un peu avant l’arrivée, m’avait vu l’an dernier piquer un sprint vers l’arrivée à Berlin, tandis qu’ici, voulant faire le guignol devant elle en faisant des pas chassés, j’ai récolté une belle crampe qui m’a stoppé net. Je n’ai pas le souvenir d’avoir subi cela, mais quand vous avez des dizaines de spectateurs qui vous regardent et qui vous hurlent dessus pour ne pas lâcher, on ne peut que s’exécuter avec un sourire qui n’arrive pas à masquer un rictus de douleur, et c’est tout doucement que j’arrive, en filmant mon arrivée devant le grand patron de la course venu saluer les finishers. Pour l’anecdote, 3h35, je suis à ma place.

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Je remets des runnings deux semaines plus tard pour le semi de Boulogne. C’est bizarre, j’avais l’impression de manquer de fraîcheur physique…. Pour finir, j’ai eu le soutien de Audrey qui m’a dépassé sur la fin. Je me suis accroché comme j’ai pu… Merci ! Finalement, je n’ai fait que 2’ de plus qu’il y a deux ans, je n’avais jamais fait un enchaînement pareil…

 

Nouvel arrêt de deux semaines pour finir l’année à Porchefontaine : le Vertrail du lycée Marie-Curie, c’est super !!! Comme d’habitude, bon balisage, bénévoles bien placés et attentifs, terrain agréable, fraîcheur qui me convient, distance que j’aime bien,… Evidemment, ma carcasse n’aime pas trop les côtes mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt de la course, et cette année, j’ai apprécié les descentes…

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Au fil des semaines, la distance diminue, j’ai été enrôlé pour participer à la corrida d’Issy en Père Noël. C’est donc plus incognito que j’ai réalisé mes 10 bornes. Ceux qui me connaissent peuvent imaginer le supplice de courir avec un habit de Père Noël bien épais, j’ai fini trempé comme après un footing à Hanoï sous la mousson, mais quelle surprise de découvrir dans le classement une 109ème place sur plus de 3000, les meilleurs étaient sur la vraie course de l’après-midi… Dans la catégorie « Guignol » j’ai peut-être plus de chance, je vais demander à M. Iacono d’en créer une pour le mois d’août prochain…

Philippe